TOUR DE LA MANCHE – Fabien SCHMIDT (Côtes d’Armor Cyclisme) à la force du poignet

1ère étape : Pont-Hébert - Montebourg

Antoine Leplingard, comme aux 3 Jours

Comme l’an passé aux 3 Jours de Cherbourg, Antoine Leplingard a anticipé le sprint dans le dernier kilomètre pour remporter l’étape et s’emparer du premier maillot jaune.

 

Dans cette étape sans grandes difficultés, hormis celles liées aux conditions météorologiques, il fallut attendre le… 90e kilomètre pour voir les choses sérieuses commencer, avec l’échappée de quatre coureurs : Thomas Joly, Gaëtan Lemoine, Alexis Guérin et le Manchois Nicolas Malle. Ces garçons prenaient un avantage d’une trentaine de secondes, mais n’arrivaient pas à creuser davantage. Le peloton, emmené le plus souvent par les équipes d’Auber 93, Rouen et Aix-en-Provence, contrôlait parfaitement la situation. Et puis, à 25 kilomètres de l’arrivée, alors que le peloton avait pratiquement refait son retard, notre quatuor a reçu le renfort de Florian Cam.

L’avance des hommes de tête a aussitôt augmenté. Pourtant, malgré cinquante secondes à 10 km de l’arrivée, c’était trop juste et nos fuyards se feront reprendre dans le final. Allions-nous assister à une arrivée au sprint ? Eh bien non. Comme Anthony Haspot au même endroit en 2013, Antoine Leplingard et Fabien Schmidt ont attaqué dans le dernier kilomètre et parviendront à garder une mince avance sur le peloton. Et là, c’est le plus fort qui s’imposait. Antoine Leplingard avait fait le même coup l’an sur la dernière étape des Trois Jours de Cherbourg en attaquant à la flamme rouge avant de s’imposer sur le boulevard Schuman avec quelques longueurs d’avance. Dans le Nord-Cotentin, sa technique est décidément bien au point…

2e étape : Montebourg - Gavray (150 km)

L’étape Trarieux, le jaune pour Schmidt

A l’issue d’une superbe deuxième étape, l’Aixois Julien Trarieux s’est imposé au sprint devant ses cinq compagnons d’échappée, dont Fabien Schmidt, qui endossait son premier maillot de leader.

Tout a commencé après 40 km de course, entre Picauville et Saint-Jores.  Dix-sept coureurs se sont fait la belle et pas n’importe lesquels, puisque nous avions-là, entre autres, Oskar Nisu, Aurélien Daniel, Julien Guay, Maxime Le Lavandier, Fabien Schmidt, Justin Mottier, Julien Trarieux, Mathieu Boulo et Clément Davy. Du côté de Saint-Sauveur-Lendelin, leur avance était de plus de deux minutes, mais l’entente était moins bonne et le peloton se rapprochait. Vers Lengronne, les deux anciens pros, Julien Guay et Fabien Schmidt, s’en allaient seuls, mais ne posséderont jamais plus de trente secondes d’avance sur le reste de l’échappée.

Le duo de tête sera repris du côté de La Baleine, mais le plus dur restait à faire, avec la côte de la Lande à Gavray à escalader à deux reprises. Dès la première ascension, le groupe de tête explosait, ils n’étaient plus qu’une dizaine de coureurs à l’avant et le peloton commençait à faire son retard.

Alors dans la seconde, les six plus costauds se détacheront irrésistiblement. Nous avions-là deux Aixois, Mathieu Converset et Julien Trarieux, Thomas Joly, Justin Mottier, Julien Guay et Fabien Schmidt. Ils iront se disputer la victoire au sprint. Matthieu Converset mettait sur orbite son camarade de club Julien Trarieux qui s’imposait de justesse devant Fabien Schmidt. Ce dernier, déjà 2e la veille, endossait le maillot de leader.

3 étape : Cérences (CLM)

Guernalec, le bolide

Le contre-la-montre a couronné un jeune prometteur, le champion de Bretagne Thibault Guernalec, vainqueur devant un autre coureur en devenir le Lavallois Clément Davy, champion de France juniors en titre. 4e de l’étape, le vainqueur de la veille Julien Trarieux en profitait ainsi pour reprendre les commandes de l’épreuve aux dépens de Fabien Schmidt pour… 46 centièmes. A noter la belle performance de l’Avranchinais Rodrigue Auffret, épatant 7e de l’étape.

4e étape : Gavray - Mortain

Cam gagne, Trarieux résiste…

 

Fabien Schmidt a tout tenté pour déboulonner le leader. En vain. Il se consolait avec la victoire d’étape de son coéquipier Florian Cam.

Après de multiples attaques, onze coureurs parviennent à prendre la poudre d’escampette à la mi-course, avec de sérieux clients comme Romain Bacon, Nicolas Malle, Floriam Cam, Antoine Leplingard, Aurélien Daniel ou Rodolphe Marie. Ces garçons-là prenaient jusqu’à 45’’ d’avance à l’entrée du circuit à Mortain. Dès la première montée de la Petite Chapelle, le groupe de tête finissait par se disloquer.

Les moins costauds sautaient et même s’ils revenaient dans la descente, c’était pour mieux se faire lâcher ensuite. Dans le peloton, c’était la même chose, cela explosait de partout. Le maillot jaune Julien Trarieux avait encore quelques équipiers à ses côtés, mais cela ne durera pas très longtemps. Dans la deuxième montée, Fabien Schmidt placera des violentes attaques, mais ne parviendra pas à décrocher le leader. La première partie du peloton reviendra même sur le groupe de tête d’où venait de sortir Florian Cam rejoint aussitôt par l’Australien Benjamin Dyball. Ces deux garçons-là iront au bout et se disputeront la victoire au sprint. Florian Cam était le plus rapide et remportait une belle victoire.

Les deux premiers du classement général en termineront l’un à côté de l’autre, malgré une ultime tentative de Schmidt annihilée par les coureurs de Dinan. Tout restait donc à jouer donc dans la dernière étape, avec une dizaine en moins d’une minute.

5e étape : Mortain-Granville (152 km)

Fabien Schmidt renverse la vapeur

Le Breton Fabien Schmidt, impérial, a remporté cette dernière étape pour s’adjuger logiquement ce 53e Tour de la Manche. Julien Trarieux, leader au départ, termine au final 29e à plus de neuf minutes.

Rapidement harcelé par les Côtes d’Armor, Julien Trarieux n’avait plus que deux équipiers et cela ne tardait pas à se faire sentir. Derrière plusieurs grappes d’échappés, le peloton se cassait en deux et dans cette deuxième partie se trouvait le maillot jaune. Dans le groupe devant, Fabien Schmidt.

Au prix d’un très gros effort, après 80 kilomètres de course, le Maillot Jaune rentrait dans le premier peloton, mais perdait un équipier dans la bagarre, cela devenait de plus en plus compliqué. Un groupe de vingt-cinq fuyards était repris et nous avions droit à l’échappée belle du Bricquebétais Simon Vaubrun, en compagnie de Risto Raid et Pierre Lebreton, rejoints plus tard par d’autres coureurs. Au premier passage au podium, les hommes de tête possédaient une minute sur le premier peloton. Au second, Fabien Schmidt sortait seul pour aller rechercher les hommes de tête qui n’étaient plus que sept. A deux tours de l’arrivée, devant un public très nombreux, ils n’étaient plus que cinq à l’avant, Boivin, Lebreton, Raid, Boivin et ce diable de Fabien Schmidt qui laissait tout le monde sur place. Loin derrière, le leader semblait résigné.

Après un dernier tour de folie, Fabien Schmidt franchissait la ligne d’arrivée en vainqueur, en même temps que le peloton maillot jaune, complètement à la dérive, qui avait pris un tour. Le grand vainqueur de cette 53e édition c’était bien Fabien Schmidt. Un bien beau vainqueur pour une somptueuse édition 2017.

 

Le bilan de la 53^e édition

« Du vélo comme on l’aime »

Passionnante de bout en bout et plus populaire que jamais, cette 53^e édition du Tour de la Manche restera dans les annales de l'épreuve. Jean-Claude Leclerc savoure

Une belle édition

Jean-Claude Leclerc ne se trompe pas en qualifiant cette 53^e édition comme « l'une des meilleurs crus » dans la riche et longue histoire du Tour de la Manche. Après une première journée relativement monotone sur le circuit plat tracé autour de Montebourg - « il en faut aussi pour les sprinteurs ! » -, les difficultés concentrées dans le Sud-Manche ont offert par la suite un magnifique terrain d'expression aux coureurs qui en ont profité pour faire le spectacle. « Avec le parcours, le plateau et surtout la bagarre à laquelle nous avons eu droit chaque jour, le public s'est régalé. C'est superbe de voir autant de suspense et un renversement de situation le dernier jour. C'était du très haut niveau, du vélo comme on l'aime ! »

Un beau vainqueur

Oui .Avoir un nom comme Fabien Schmidt au palmarès fait forcément plaisir à Jean-Claude Leclerc qui connaît la valeur de l'ancien professionnel, passé par notamment par Sojasun en 2013. « Je suis content car c'est vraiment le plus costaud qui a gagné » estime l'organisateur.Pour avoir un grand vainqueur, il faut nécessairement des beaux vaincus. C'est le cas puisque l'on retrouve sur le podium final à Granville un autre ancien pro (Alexis Guérin, 2^e) et une grosse cylindrée venue d'Océanie (Benjamin Dyball, 3^e), récent médaillé de bronze des championnats d'Australie du contre-la-montre derrière les pointures Rohan Dennis et Luke Durbridge.

Du public

Soyons honnêtes : l'affluence n'a pas été à la hauteur des attentes le premier jour à Montebourg. La faute au mauvais temps. « Et le jeudi, les gens travaillent » ajoute Jean-Claude Leclerc. Ce dernier a vite été rassuré sur le pouvoir d'attraction de son épreuve grâce à la présence d'un public colossal sur les arrivées à Gavray, Mortain et Granville. « Partout où l'on passe, les élus locaux sont épatés par l'affluence. Ce sont de belles animations pour nos communes. La plupart du temps, ils souhaitent tous que l'on revienne ! »

L’évolution

Jean-Claude Leclerc a bien pensé faire évoluer son épreuve, en l'estampillant en classe 2, ce qui signifie une ouverture aux professionnels comme le Tour de Normandie. Seulement, il n'en a plus l'envie. « Ce n'est pas un problème d'argent. On pourrait trouver la rallonge nécessaire. Mais, pour le public, c'est mieux d'avoir une course amateurs (Elite Nationale) qui est souvent plus spectaculaire qu'une course pro. Et puis, les gens viennent aussi pour encourager les équipes de la Manche. S'il n'y a que des équipes belges ou scandinaves, il y a moins d'intérêt pour eux. » Bref, on ne change pas une équipe qui gagne...