Retraité de la Grande Boucle après 41 ans de présence sur le Tour de France, Daniel Mangeas continue de sillonner les routes françaises mais c'est toujours pour lui un moment particulier de commenter à domicile. Sa voix devenue si familière pour les passionnés de vélo a résonné pour cette 39è édition dont le succès populaire est toujours présent . Support de la onzième manche de la Coupe de France, l'épreuve manchoise a réuni 18 équipes dont les 9 françaises. La présence de quelques têtes d'affiche comme Guillaume Martin (Wanty),21è de la Grande Boucle, Samuel Dumoulin (AG2R La Mondiale), triple lauréat de la Coupe de France et son coéquipier Benoit Cosnefroy, champion du monde espoir l'an dernier, a donné du poids à une course toujours exigeante avec onze asencions de la côte de la Pigeonnière et celle de la Vallée.
Trente kilomètres après le départ d'Avranches, l'épreuve phare du Sud Manche se dessinait déjà lorsque Pierre-Luc Périchon (Fortunéo-Samsic) accompagné par Pierre Gouault (Roubaix Lille Métropole) décidaient de partir en contre derrière Handley (Madison-Génésis), Latham (One Pro Cycling) et Leisau (Team Sauerland). Puis les renforts de De Winter (Aqua-Protect Veranclassic), Duval (AG2R La Mondiale), victime d'une chute au 15è km, Leveau (Delko-Marseille) et Van Der Ploey (Madison-Genesis) apportaient de la solidité à cette échappée. Le début d'une longue aventure. Tout cela lors du premier des onze tours de circuit tracé autour de Saint-Martin-de-Landelles. Les fuyards parvinrent à creuser sensiblement l'écart qui monta à plus de quatre minutes après guère plus d'une heure de course. Derrière l'équipe Cofidis contrôlait le peloton à la faveur d'Hugo Ofstetter, leader de la Coupe de France. Puis sous l' action des équipes Groupama-FDJ et Vital-concept, les fuyards ne conservèrent que deux minutes d'avance.
Mais plusieurs coureurs vont lâcher prise sur les trois dernières boucles au tour de Saint-Martin-de-Landelles et seuls Pierre-Luc Perichon et Pierre Gouault vont se montrer les meilleurs. Benoit Cosnefroy (AG2R La Mondiale), Damien Touzé (Saint-Michel Auber 93) et Guillaume Martin (Wanty), un trio normand motivé comme jamais tentèrent alors de combler le débours et comptèrent un avantage maximum de 30 secondes sur le peloton. Mais leur bonne volonté ne fut pas suffisante. "Il y avait pourtant un bon coup à jouer" disait à l'arrivée Touzé, récent vainqueur Du Kreizh Breizh Elites. Et les deux rescapés gardèrent huit petites secondes d'avance. Au sprint, Pierre-luc Périchon, l'emportait. Le trentenaire de Fortunéo-Samsic pouvait afficher sa satisfaction. La Normandie lui réussi. En effet, le coureur de l'Ain y a connu le succès chez les amateurs lors du Grand Prix de Blangy-sur-Bresle (2009), Paris Camembert (2012) puis l'an dernier au Duo Normand."Je me savais plus rapide que lui, j'ai essayé de bluffer. Il avait à coeur de bien faire chez lui donc il avait plus de pression. J'ai joué avec ses nerfs et il a craqué en lançant le sprint le premier.Sur un sprint montant, il ne faut généralement pas lancer avant 150 mètres, et lui a lancé à 300. C'est peut-être ce qui a fait la différence."
Pas de regrets pour Pierre Gouault , deuxième l'an dernier du Grand Prix d'Isbergues dans une configuration similaire, dont la première partie de saison avait été marquée par deux fractures de la clavicule, le contraignant à chaque fois à une longue inactivité. "C'est la course qui m'a donné envie de faire du vélo. Je me sentais fort mais ça revenait vite derrière et je n'ai pas réussi à manoeuvrer comme je le voulais. J'ai lancé le sprint aux 300 mètres parce que je savais que je ne pouvais pas gagner sur le physique. Intrinsèquement, je n'ai pas une grosse pointe de vitesse. Ca n'est pas passé mais je reste très satisfait" détaille le coureur originaire de Parigny, formé au VC Saint-Hilairien. Il a pu partagé ce plaisir retrouvé avec ses proches et tout un public acquis à sa cause.
Texte et photos Patrice Meunier
Echos :
Jérémy Leveau déçu : Membre de l'échappée décisive, Jérémy Leveau (Delko-Marseille KTM Provence) a craqué dans a dernère difficulté. Il lui a manqué 500 mètres pour garder le bénéfice de ses efforts, lui qui avait pris la quatrième place l'an dernier (son meilleur résultat en Coupe de France) . "La Polynormande, c'est une course difficile qui se joue au physique. Je n'avais pas couru depuis le championnat de France donc je ne savais pas trop où j'en étais. Les jambes n'étaient pas trop mal mais sur la fin, j'ai manqué de rythme. Dans la dernière montée de la côte de la Pigiennière, ça s'est joué à pas grand chose, pour une vingtaine de mètres seulement. Je n'ai pas réussi à tenir. C'est dommage" .
Dix Normands au départs : Si l'épreuve du Sud Manche étaient privé des vedettes françaises (seulement trois coureurs sortaient du Tour de France), on retrouvait pas moins de dix normands au départ : Guillaume Martin (Wanty), Paul Ourselin, Jérémy Cornu et Alexandre Pichot (Direct Energie),Jérémy Leveau (Delko-Marseille), Marc Fournier (Vital-Concept), Julien Duval et Benoit Cosnefroy (AG2R La Mondiale) et Damien Touzé (Saint-Michel Auber 93) sans oublier Nicolas Prodhomme (AG2R La Mondiale) qui participait à cette épreuve en tant que stagiaire.
Une Polynormande record : Jamais autant de participants n'avaient été sur la ligne de départ. Inscrite au calendrier UCI depuis 2003, la 39è édition a attiré 123 coureurs pour 17 nationalités représentées.
Le Normand Pierre Gouault (Roubaix Lille Métropole)
au micro de Daniel Mangeas.
Après plus de quatre heures d’efforts, Pierre Luc Périchon plus rapide que Pierre Gouault.
Le rapide Lorenzo Manzin remporte le sprint du peloton
Un imposant peloton dans l’ascension de la côte de la Pigeonnière
Guillaume Martin, Damien Touzé et Benoit Cosnefroy se sont lancés à la poursuite des hommes de tête.
Jéremy Leveau a été repris à 500 mètres de l’arrivée.
Pierre Luc Périchon, le grand vainqueur de cette 39ème édition.
