Paris Camembert- Lilian Calméjane (Direct Energie) impose sa loi

48 heures après Paris-Roubaix, c'est un peloton de 132 coureurs qui s'élançait de Pont-Audemer, pour rejoindre Livarot, point de chute de cette 79è édition organisée par Guy Brien. Pour la circonstance, la classique professionnelle normande qui servait de support à la septième manche de la Coupe de France arpentait les routes d'un tout nouveau final long de 100 kilomètres. Après toute une succession de côtes au coeur du Pays d'Auge dont certaines à fort pourcentages (côte de l'Angleterre à trois reprises, le Renouard, le Moulin Neuf, le Mur des Champeaux, Tortisambert), la grande nouveauté a été le chemin de la Cabine, un chemin de terre long de 1950 mètres situé à 10 kilomètres de l'arrivée. De quoi satisfaire les plus difficiles et durcir davantage la fin de course.

Au départ de Pont-Audemer, l'émotion était palpable lors de la minute de silence observée par l'ensemble du peloton, en hommage au Belge Mickael Goolaerts, décédé tragiquement des suites d'un arrêt cardiaque lors de Paris-Roubaix. Le Breton Perring Quemeneur (Direct Energie), le Manchois Pierre Gouault (Roubaix Lille Métropole) et l'Américain Daniel Eaton (Unitedhealthcare) ont d'abord animé la course pendant plus de 140 kilomètres. A peine refroidi par plusieurs averses, ils ont augmenté progressivement leur avance pour compter jusqu'à 3' 30" d'avance. Le regroupement s'opérant à l'amorce de la dernière heure de course, l'équipe AG2R La Mondiale décidait alors de faire le forcing.

Leur principal but était de favoriser une arrivée groupée pour Clément Venturini ou Samuel Dumoulin, lequel compte plusieurs accessits sur la classique normande. De quoi alerter les Direct Energie qui décidèrent de durcir la course à 30 kilomètres du but et plus précisément dans l'enchaînement des bosses de Tortisambert et de la Becquetière. Avant que Lilian Calméjane (Direct Energie) lance l'offensive, saisissant une opportunité qui lui valait au terme d'un joli numéro sa deuxième victoire de la saison. Resté en deuxième rideau, Calméjane a su économisé son énergie. Sans sprinter mais avec des coureurs capables de dynamiser la course, Direct Energie a su placé sa meilleure carte au bon moment. Vainqueur d'une étape du Tour d'Espagne (2016), de l'étape des Rousses sur le Tour de France 2017; l'Albigeois apportait sa 11è victoire à l'équipe dirigée par Jean-René Bernaudeau. "Je suis parti au feeling. Mes coéquipiers Paul Ourselin et Alexandre Pichot qui connaissaient parfaitement le final ont fait le boulot dans les bosses, tout le monde était un peu isolé. Au sommet de la Becquetière, 15-20 mecs se regardaient un peu. J'ai vu que je n'avais personne dans la roue, alors j'ai giclé de derrière. Ma priorité était de sortir seul, car depuis le début de saison, j'avais pas mal de mecs qui me suivaient de près. Ensuite, j'ai creusé l'écart sur le chemin de terre. J'aime bien ce type d'efforts donc cela ne m'a pas posé de problèmes..."

Le podium était complété par le prometteur néo-pro Valentin Madouas (Groupama-FDJ), lequel profitait de la côte de Saint-Germain-du-Livet, l'ultime difficulté, pour s'intercaler avec l'Italien Andrea Vendramme (Androni-Sidermec) qu'il devança au sprint pour la deuxième place.

Texte et photos Patrice Meunier

Du côté des Normands

Des crevaisons pour les Normands : Douze normands étaient au départ.

Avec bien sûr une grosse motivation et l'envie de bien faire. Parmi ceux-ci, on retrouvait Guillaume Martin (Wanty Groupe Gobert), victorieux du Circuit de la Sarthe et Jérémy Cornu (Direct Energie), vainqueur de la dernière étape du Circuit des Ardennes. C'est plutôt la malchance qui les accabla puisque Romain Hardy et Anthony Delaplace (Fortunéo-Samsic), Alexandre Pichot (Direct Energie) ont crevé lors du franchissement du chemin de la cabine. Même chose pour l'ancien champion de France espoir Paul Ourselin qui voulait se montrer devant ses fans et le club où il est toujours licencié." C'est toujours dommage. Mais plein de coureurs n'ont pas été épargnés. Je ne suis pas le seul à me plaindre".

Touzé encore placé

Trois jours après avoir pris la huitième place du Tour des Flandres espoirs (meilleur français) au terme d'une course intense où les coureurs qui terminent devant lui évoluent habituellement en World Tour, Damien Touzé (Saint-Michel Auber 93) se savait attendu sur Paris-Camembert. Le jeune neubourgeois, huitième de l'édition 2017, a confirmé sa forme du moment en prenant la cinquième place (2è du sprint du peloton). "Lors du dernier tour de circuit, mes coéquipiers Guillaume Levarlet (crevaison) et Romain Feillu (lâché) n'ont pu m'aider. Lorsque Vendramme et Madouas sont partis, l'équipe Cofidis s'est mise à rouler. Ensuite, j'ai dû me débrouiller seul pour le sprint. Terminer cinquième, c'est une satisfaction".

Gougeard abandonne : Alexis Gougeard, vainqueur l'an dernier de la Polynormande, effectuait sa course de rentrée après avoir soigné une blessure au pied. Le Cauchois d'AG2R La Mondiale qui avait brillé en début de saison (7è de l'Etoile de Bessèges et 4ème du contre-la-montre du Tour d'Andalousie) a abandonné peu après le dernier passage à Livarot, à 15 kilomètres de l'arrivée. "Avant cet accident, j'étais bien. Il n'y a pas de raisons pour que ce soit différent sur mes prochaines courses. J'espère que ça reviendra vite".