Championnat de France Route à la Haye Fouassière – Damien Touze (Cofidis) sur le podium

Damien Touzé (Cofidis) sur le podium

Le championnat de France dont le circuit de la Haie-Fouassière était tracé en grande partie dans les vignobles nantais a été marqué par une forte chaleur. Alors que le contre-la-montre et l'épreuve en ligne n'avaient guère été favorables aux coureurs normands, la tendance s'est inversée lors de l'épreuve Elite Dames où Eugénie Duval (FDJ Nouvelle-Aquitaine) se classe sixième. L'épreuve réservée aux professionnels a gardé son incertitude jusqu'au bout. Au terme d'un final marqué par de nombreuses attaques notamment celle de Guillaume Martin (Wanty-Gobert cycling Team), Damien Touzé (Cofidis) a dû se contenter de la troisième place derrière Warren Barguil (Arkéa-Samsic) et son coéquipier Julien Simon, dans une arrivée au sprint qui s'annonçait favorable pour lui.

Contre-la-montre : Enzo Anti meilleur normand

40 degrés à l'ombre pour boucler les 47,100 kilomètres du contre-la-montre, voilà quel était le menu indigeste proposé aux 70 coureurs engagés pour une heure de vérité qui s'est vite transformé en un coup de chaud. Comme l'avait fait Pierre Latour (AG2R La mondiale) il y a un an, Benjamin Thomas (Groupama-FDJ), 23 ans, a balayé la concurrence. Le pistard Tarnais, habitué au mercure qui s'envole a impressionné ses adversaires, reléguant Stéphane Rossetto (Cofidis) à 1' 08". Les Normands dont les trois professionnels Anthony Delaplace (Arkéa-Sunsic), Paul Ourselin (Total Direct-Energie) et Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale) ont souffert, supportant plus ou moins bien, la forte chaleur. Plutôt bien pour Ourselin, neuvième dans un exercice où il ne rentre pas parmi les spécialistes mais le Livarotais, prouvait à cette occasion,qu'il poursuivait a son rythme sa progression. A l'inverse, Gougeard fut décevant. Seulement 54è et terminant relevé après avoir pourtant ocupper la deuxième place au premier pointage intermédiaire quelques secondes derrière Rémi Cavagna (Quick-Step), le jeune cauchois n'est décidément pas à son aise sous la chaleur, enregistrant une nouvelle déception un an après Mantes-la-Jolie. La bonne surprise est venu d'Enzo Anti, (VC Rouen 76) et meilleur amateur Normand pour son premier contre-la-montre de la saison. Faisant mieux que son coéquipier Dylan Kowalski (35è) qui en spécialiste pouvait briguer un meilleur classement (s'il supportait la chaleur), Anti est aller chercher une bonne 29è place. "Réaliser un bon chrono, c'était mon premier objectif. Je ne suis pas un spécialiste mais j'aime ça. D'ailleurs, j'ai utilisé mon vélo de chrono lors de plusieurs sorties de décontraction après une course. C'est vraiment une bonne expérience et l'occasion de courir avec les pros" se félicitait l'espoir troisième année du VC Rouen 76. Quant à Simon Verger, désormais sous les couleurs de Chambéry Cyclisme, il a causé une belle surprise en prenant la deuxième place à 1' 59" du spécialiste Romain Bacon (CC Nogent). Une véritable performance sans pour autant y avoir consacré une préparation spécifique. "C'est mon programme de course qui m'a permis d'arriver à ce niveau. Depuis Paris-Roubaix (7è), j'ai de bonnes sensations. Je passe bien la chaleur et j'étais super motivé". De son côté, faute d'avoir consacré beaucoup de temps côté préparation, la Neubourgeoise Eugénie Duval (FDJ Nouvelle-Aquitaine) semblait plutôt satisfaite de sa onzième place.

Amateurs : Le VC Rouen 76 loupe le bon coup

La course des amateurs s'est avérée ouverte sur un circuit où l'offensive de onze hommes dont trois pour la seule formation de Chambéry-Cyclisme s'avéra décisive. Malin et opportuniste, Alexis Renard (Côtes d'Armor), 20 ans, avait subi le handicap de trois changements de vélo mais cela ne l'a pas empêché de revenir au bon moment au sein de la bonne échappée puis de forcer la décision sous la flamme rouge. En costaud, le protégé de Mickael Leveau pouvait laisser éclater sa joie pour enfiler le maillot tricolore. Le VC Rouen 76 avait pourtant de bonnes raisons d'y croire mais au final, c'est la déception qui l'emportait. Toujours représenté en tête sauf au moment où il le fallait. Quand le bon coup est parti. Dès le premier tour, ce fut Matis Louvel qui se glissait dans la première offensive. "J'ai tenté. On est sorti à cinq mais derrière, dans le peloton, on a vite réagi. On n'a jamais pu faire l'écart". Puis ce fut au tour de Clément Saint-Martin de se glisser dans ce qui allait être la grande échappée du jour avec notamment Patoux et Bryan Alaphilippe (Team Peltrax), vainqueur du Grand Prix de Luneray, Prodhomme (Chambéry Cyclisme) et Urruty (Team Pro Immo Nicolas Roux). Rien que du beau monde. "Quand on a compté 2' 20" d'avance, j'ai pensé que ça pouvait aller au bout. Même si j'ai tenté ma chance dans l'avant dernier tour, il y avait un tour de trop" confiait à l'arrivée celui qui avait pris la deuxième place du national en 2013 à Lannilis. Finalement, la bonne échappée se formait à 25 km du but. Derrière, Dylan Kowalski était sorti en contre avec 13 coureurs lors du dernier tour. Ensuite, il les lâchait mais ne pouvait faire la jonction. Au bout de ses efforts,une douxième place bien frustrante. Mais le Nordiste du VC Rouen 76 était trop juste pour faire mieux.

Dames : Eugénie Duval placé

Avec Térésa Hoebancks et Noémie Polycarpe (Team Léopards Normandie), Gladys Verhulst (Charente-Maritime) et Eugénie Duval (FDJ Nouvelle-Aquitaine), quatre normandes étaient sur la ligne de départ. Seule cette dernière fut en mesure de jouer un rôle intérressant. Présente dans l'avant garde du peloton, elle protégea ses partenaires de la FDJ Nouvelle-Aquitaine Jade Wiel, Victorie Guilman et Marie Le Net qui ont dominé les débats au côté de la tenante du titre Aude Biannic (Movistar). Remportant le sprint d'un premier groupe, elle pouvait afficher sa satisfaction. "Je suis très contente d'être parvenue à gagner et surtout qu'on l'ait fait ainsi. On est parvenu à toujours avoir un coup d'avance pour contrôler la course". Deuxième de la course Elites et championne de France espoirs l'an dernier, Gladys Verhulst a cette fois été moins à son aise. Courageuse mais à l'ouvrage sous une forte chaleur, elle a terminée épuisée. "Jusqu'au dernier tour, ça allait mais ensuite je n'étais pas bien du tout. je ne sais pas ce qui s'est passé mais je n'avais plus de forces. J'ai été lâchée".

Professionnels : un podium pour Damien Touzé

Dix ans après avoir revêtu la même tunique dans la catégorie junior à Vendôme, le Breton Warren Barguil (Arkéa-Samsic) a effacé en une seule course deux années difficiles où la malchance fut souvent au rendez-vous en devenant champion de France.De leurs côtés, les Normands ont été particulièrement en vue. En effet, on retrouvait dans le groupe de tête sorti dès le km 42, Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale), Paul Ourselin (Total Direct Energie), Damien Touzé (Cofidis) et Guillaume Martin (Wanty ). Capable de résister aux offensives répétées de Madouas (Groupama-FD),Barguil (Arkéa-Samsic) puis de Guillaume Martin, seulement repris à moins de 200 mètres de l'arrivée, Touzé avait à juste titre , le sentiment de ne pas avoir mené sa barque de la meilleure manière qui soit dans le final pour négocier un sprint à sept (Madouas, Tulik, Barguil, Pacher,Martin étaient les autres coureurs du groupe de tête). Il est vrai que l'enjeu était de taille et que lui comme son coéquipier Julien Simon n'ont pas tiré profit de la situation. Mais l'attaque de Martin les a obligé à revoir leurs plans. Après celle-ci, Simon s'est retrouvé devant et levait la main pour demander de l'aide à Touzé pour boucher le trou. "Il s'est mis en tête de m'emmener. Mon erreur, c'est de l'avoir déboîté un peu tôt.. Il fallait attendre un peu plus. Dix mètres de plus et c'était bon..." regrettait Simon. Au final, Touzé n'était pas loin de lever les bras. Cependant, la déception était palpable. "Dès l'instant où je lançais le sprint pour Simon, je savais que ce serait dur. Mais j'ai joué le coup jusqu'au bout. Cette troisième place me laisse un goût amer. Avec le recul, je vais sûrement réaliser que ça reste une belle performance mais là, pour être honnête, je ne suis pas parvenu à saisir ma chance, alors c'est difficile à vivre..." Pour Guillaume Martin, l'heure était aussi aux regrets. "Quand j'ai tenté ma chance au kilomètre, j'y ai cru. Sans que je sache comment, derrière quelqu'un a fait l'effort. Pourtant aux 500 mètres, je me disais que le plus difficile était fait..."

Texte et photos Patrice Meunier