13 janvier 2020
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Louka Lesueur en tricolore chez les cadets- Une magnifique organisation pour fêter les meilleurs cyclocrossmen français

Il y a fort à parier qu'en février 2007, quand le premier cyclo-cross remporté par Julien Roussel a été créé, l'équipe organisatrice ne pensait pas que 13 ans plus tard, il leur serait confié l'épreuve phare du calendrier national. Cet évènement majeur est le résultat d'un travail de passionnés et d'une volonté sans cesse renouvelé de grimper dans la hiérarchie. Un vrai souci dans la perfection de l'organisation et la confiance de la fédération française de cyclisme est venu compléter leur volonté de réussir. L'association Cyclisme en Cotentin a toujours œuvré pour le développement de la discipline. Ce championnat de France, c'est aussi et surtout le pari réussi de Mickael Lemardelé, un dirigeant motivé qui a prouvé qu'il était capable de soulever des montagnes avec l'indispensable appui de près de 300 bénévoles.

Cadets : Louka Lesueur réalise son rêve

Il y a des journées qui se déroule comme dans un rêve. Ce fut bien le cas de Louka Lesueur (UC Darnétal) qui est devenu champion de France cadets de cyclo-cross à Flamanville (Manche). Arrivé dans la meilleure condition physique possible, il s'est paré du maillot tricolore sans que cela puisse constituer une surprise. "C'est incroyable de remporter le titre à la maison. Je savais que j'étais attendu mais je n'ai pas ressenti de pression. J'avais juste l'envie depuis mon succès lors de la finale de la Coupe de France à Bagnoles-de-L’orne il y a un mois qui ont précédé mes deux succès en Belgique. J'ai peaufiné ma préparation durant les vacances de Noel et j'étais sur de ce que j'avais fait à l'entrainement. Au départ, je savais comment courir et j'ai réussi à faire la course dont je rêvais". Un an après avoir pris la seizième place du national à Besançon en cadet première année, Il ne doutait vraiment de rien.

Le champion de Normandie fut toujours en position favorable lors d'une course resté longtemps indécise et finalement longue à se décanter. Après avoir porté une accélération après cinq minutes de course pour tester ses adversaires, il sut rester vigilant. Une vingtaine de coureurs sont en file indienne mais il ne quitte pas les cinq premières places. Progressivement, le groupe qui forme ceux qui restent candidats à la victoire s'amenuise. Répondant lors du dernier tour à l'attaque de Basset (Bretagne) et du vainqueur de la Coupe de France Lequet (Auvergne-Rhône-Alpes), il se montra à la fois patient et efficace. Ce dernier, ayant raté son départ et donc contraint à une longue course poursuite, manqua de forces dans le final. C'est le champion de Bretagne qui fut son dernier adversaire. Jugeant le moment opportun, il faisait la différence à 600 mètres du but, produisant son effort au bon moment. Sa quatorzième victoire de l'hiver mais, bien sûr, la plus belle. Bras levés et visage rayonnant, le coureur entraîné par Grégoire Terrier pouvait savourer la conquête de son premier titre national. En larmes sur le podium, l'émotion était à son comble pour le coureur de Saint-Ouen-du-Breuil à qui tout réussi cet hiver. «J’attendais ce rendez-vous depuis un an. Cette victoire, c'est beaucoup d'émotions». Il n'a rien négligé au point d'analyser le scénario de la manche de la Coupe de France en 2018 disputé à Flamanville où Francis Mourey s'était encore imposé. "Pour préparer la course, j'avais regardé la rediffusion de cette manche. Mourey avait laissé faire les autres durant le dernier tour. Il avait mis une accélération au meilleur moment. J'ai pensé à ça et j'ai voulu faire la même chose". Avec la réussite que l'on connait. Parmi les quatre autres normands engagés le Manchois Léandre Lozouet qui jouait à domicile semblait parti pour mieux faire. Dans un premier temps, il figurait tout près des meilleurs. Mais finalement sa 13è place est tout de même une déception. Quand à Esteban Chapelle, sa 17è place est encourageante pour un cadet première année.

 

Une médaille d'or pour Louka Lesueur qui perpétue la grande tradition du cyclo-cross normand.

Louka Lesueur peut laisser éclater sa joie.

Le podium cadets : Pierre Henry Basset (Bretagne) deuxième, Louka Lesueur (Normandie) champion de France et Corentin Lequet (Auvergne Rhône-Alpes) troisième.

A sa descente du podium, le jeune Darnétalais a retrouvé Jean-Claude Leclerc, Président du Comité de Normandie.

L'organisateur Mickael Lemardelé n'a pas manqué de féliciter Louka Lesueur.

Louka Lesueur a réalisé une course parfaite.

A domicile, Léandre Lozouet a pris la treizième place.

Cadettes : Fabrègue de bout en bout

La course cadette ouvrait les hostilités. Lilou Fabrègue (Nouvelle-Aquitaine) ne pouvait rêver mieux. Elle prenait rapidement le commandement en compagnie de Saska Arnaud (Auvergne Rhône-Alpes) et Léane Delanoé (Bretagne). A la fin du deuxième tour, la jeune fille originaire de Gap possédait 25 secondes d'avance sur Arnaud et continua de démonter son efficacité. "C'est ma première année en cyclo-cross. Je voulais m'amuser et prendre de l'expérience. Franchement, je ne pensais pas gagner" se félicitait la nouvelle championne de France, également spécialiste de VTT. De leurs côtés, les Normandes furent beaucoup moins en vue. Marion Bunel se classe 15è sans n'avoir pu être en mesure de faire mieux tour comme les deux autres représentantes normandes Pauline Bramoullé (18è) et Lise Klaes (20è). Ce qui reflète les résultats obtenus en Coupe de France où elles avaient également terminé dans le top 20.

Les trois cadettes normandes ont intégré le top 20 : Marion Bunel, Pauline Bramoullé et Lise Klaes.

Podium cadettes : Saska Arnaud (Auvergne-Rhône-Alpes) deuxième, Lilou Fabrègue (Nouvelle-Aquitaine) championne de France et Maurène Tregouet (Grand-est) troisième.

Espoirs : Antoine Benoist s'impose en costaud

Champion de France Espoirs l'an dernier, le Breton Antoine Benoist a confirmé son titre en s'imposant avec la manière devant bon nombre de ses supporters. Soumis au rythme infernal des épreuves belges qu'il fréquente assidument, il fut exact au rendez-vous. "Il fallait avoir de bonnes jambes. Je les avais et tout a tourné en ma faveur" s'est félicité le coéquipier du champion du monde Matthieu Van Der Poel sous les couleurs d'Alpecin-Fenix. Vainqueur à Flamanville en 2018, médaillé de de bronze l'an dernier au mondial et au dernier championnat d'Europe, il a profité d'une forme à la hausse pour imposer sa loi. Ils étaient 51 au départ pour la dernière épreuve du samedi. Sans préambule, Antoine Benoist et son rival numéro un le champion d'Europe Mickael Crispin se portaient au commandement. Les deux hommes ont petit à petit augmenté leur avance mais Crispin a fait une petite erreur et perdait quatre à cinq mètres : il ne reviendra jamais. Antoine Benoist imposa alors son rythme si bien qu'à la mi-course, son avance était de 25 secondes sur son dauphin. De son côté, Joris Delbove (Bourgogne Franche-Comté) n'était nullement inquiété pour sa troisième place. Les positions restaient figées jusqu'à l'arrivée avec le sacre attendu d'un impressionnant Guillaume Benoist. En lice dans un groupe de six coureurs, la recrue rouennaise Ronan Auffret, sociétaire du Team Podiocum, a fait mieux que se défendre. Sachant se replacer dans le final et profitant de son retour en forme, Il terminait sixième et deuxième du groupe des poursuivants derrière Antoine Huby (Bretagne), titré l'an dernier chez les juniors. Visant le top 10, l'objectif est atteint pour celui qui, l'hiver dernier, s'était classé deuxième à Flamanville et troisième du championnat de France juniors à Besançon. Le sort des deux Manchois en lice fut contrasté : satisfaction pour Julien Jamot et grosse déception pour Thibault Valognes. Parti en sixième ligne, le vainqueur du Maillot des Jeunes Julien, Jamot a connu une entame de course forcément difficile. Mais il sut trouver l'ouverture là où les autres ont plafonnés. "Je ne m'attendais pas à ça ! Clairement, je fais surtout du cyclo-cross pour préparer ma saison sur route. Je me suis dit qu'un top 20, ce serait déjà pas mal. Je me suis donné ce but sans trop y croire. Et finalement, j'ai réussi avec tout de même une pointe de regrets car j'ai perdu deux places dans les 300 derniers mètres à cause d'une chute toute bête". Quant à Thibault Valognes, sa 21è place est loin de refléter sa valeur. Sans forces, c'est une nouvelle déception à domicile sur un circuit qui décidément ne lui réussit pas.

Après un long cavalier seul, Antoine Benoist (Alpecin-Fenix) peut savourer une deuxième victoire chez les Espoirs.

Juniors dames : Line Burquier crée la surprise

Déjà sacrée à deux reprises chez les cadettes, la Haut-Savoyarde Line Burquier (VTT Pays de Gavot) a ajouté un nouveau maillot tricolore à sa collection en décrochant le titre chez les juniors dames pour sa première année dans la catégorie. Au terme d'un beau duel, elle a devancé sa grande rivale Olivia Onesti (Nouvelle-Aquitaine), favorite du jour après son succès sur la Coupe de France face aux Elites. Les Normandes ont connu une course difficile. La championne de Normandie Apolline Blot, pointé en onzième position en début de course se contente de la 16è place alors que Axelle Jacques et Andréa Bezin prennent respectivement les 17è et 18è places.

 

Les juniors dames : Apolline Blot, Axelle Jacques et Andréa Bezin

Trois juniors parmi la sélection normande : Théo Ecolasse, Joris Lepoittevin et Erwan Fillion.

Juniors : Hugo Ananie en tricolore

Sur un circuit illuminé de soleil après le coup de grain nocturne, 66 juniors étaient candidats à la succession du Breton Antoine Huby. Vainqueur de la Coupe de France où il avait montré sa régularité, Hugo Aninie (Haut-de-France) s'est également montré le plus fort en devenant champion de France. Mal parti en étant relégué en quinzième position, il redoubla d'efforts pour rejoindre Rémi Lelandais (Auvergne Rhône-Alpes) qui avait tenté de s'isoler dès le premier tour. Aninie s'est ensuite montré impressionnant d'aisance et de tonicité pour prendre la mesure du Haut-Savoyard jamais relégué à plus de vingt secondes, lui-même étant sous la menace de Baptiste Vadic (Nouvelle-Aquitaine). Tirant le bénéfice de sa participation le dimanche précédent à un cyclo-cross avec les Elites où il fut le dauphin du professionnel Quentin Jaurégui, il garda jusqu'au bout la maîtrise du rythme. Pas de miracle pour les juniors normands, tous partis assez loin sur la grille de départ. Le champion de Normandie Joris Lepoittevin, le meilleur d'entre eux, se classe 34è.

Le Nordiste Hugo Aninie peut savourer sa victoire chez les juniors.

Podium juniors : Rémi Lelandais (Auvergne Rhône-Alpes) deuxième, Hugo Ananie (Haut-de-France) champion de France et Baptiste Vadic (Nouvelle-Aquitaine) troisième.

Dames : Norbert Marion Riberolle sans partage avec les titres Espoirs et Elites

En l'absence de l'ancienne championne du monde Pauline Ferrand-Prevot, l'épouvantail de la course dames s'appelait Caroline Mani. Quintuple championne de France de la discipline (2010, 2011, 2016, 2017, 2019), vice-championne du monde en 2016, la Franc-Comtoise connait bien Flamanville puisqu'elle s'y était imposé en 2016 lors de la finale de la Coupe de France. Mais c'est finalement la représentante de la jeune génération Marion Norbert Riberolle qui a raflé la mise au terme d'une lutte acharnée. Habitué à disputer le calendrier belge, Norbert Riberolle se trouvait face à une adversité inédite ou presque. Pas de round d'observation pour la jeune femme encore espoir qui prenait le meilleur départ en tentant d'imposer son rythme. Seule Caroline Mani fut en mesure de réagir et faisait la jonction lors du deuxième tour. Les deux rivales vont se rendre coup sur coup avant que Norbert Riberolle ne parvienne à placer l'accélération fatale à Caroline Mani dans le dernier tour. Journée difficile pour Emilie Jamme, seule normande au départ. Souffrant d'une pharingo laryngite difficile à soigner depuis le championnat de Normandie, en panne de sensations, elle se contentait d'une modeste 21è place.

Podium Espoirs dames : Léa Curinier (Arkéa) deuxième, Marion Riberolle (Experza Pro X) championne de France, Laura Porhel (Bretagne) troisième.

La championne de Normandie Emilie Jamme.

Elites : Clément Venturini comme prévu

Vainqueur à Flamanville chez les Espoirs en 2013 et chez les Elites en 2015 et 2017 dans le cadre de la Coupe de France, Clément Venturini (AG2R La Mondiale) était l'incontournable favori du jour. Et ce n'est pas parce qu'il ne fait plus du cyclo-cross sa priorité pour ne pas hypothéquer sa saison routière et qu'il présente du même coup un déficit de compétition dans les sous-bois (c'était seulement son sixième cyclo-cross) que le tenant du titre ne reste pas un redoutable spécialiste. Il en a donné la preuve en devenant pour la troisième fois champion de France chez les Elites. Il n'a rien perdu de son talent et de sa technique et le moins que l'on puisse dire, c'est que sa course tourna à la démonstration. Il a progressivement fait la différence sans jamais puiser dans ses réserves, reléguant déjà le duo composée de Josua Dubau (Team Peltrax) et Fabien Doubey (Circus-Wanty) à 30 secondes à la mi-course. Et c'est finalement avec un bel avantage sur Dubau, déjà deuxième à Bagnoles-de-L’orne, qu'il franchira la ligne. "J'ai pu imposer mon rythme dès le départ et j'ai vite vu que je creusais l'écart.  J'ai tout donné jusqu'à la fin. Chaque titre a une valeur particulière et c'est une nouvelle fois un honneur de porter le maillot tricolore". Joshua Dubau, deuxième, est le seul du trio gagnant à avoir disputé la totalité de la saison hivernale. L'édition 2020 a souri à plusieurs routiers venus dans le cadre de leur préparation. Comme l'ancien champion de France juniors et espoirs Fabien Doubey, troisième, qui a pourtant plaidé pour les vertus de la discipline. "On tape vraiment très haut au niveau cardiaque. J'ai repris le cyclo-cross l'an dernier et ça m'a réussi pour la saison sur route". Dans une course qui n'a jamais accordé de liberté aux outsiders, Arthur Tropardy et le champion de Normandie Julien Roussel ont dû subir la course alors qu'un top 10 était leur objectif initial". Tropardy qui bouclait à cette occasion sa saison hivernale a payé son mauvais départ. Remontant quelques coureurs mieux parti que lui après la mi-course, il bouclait sa course en 17è position. Déception aussi pour Julien Roussel qui n'a jamais trouvé le bon rythme. Il espérait mieux pour son dernier national qui fut également le seul qu'il disputait en Normandie. Après une heure d'efforts, il se classait 23è. Sur la ligne, le public l'a gratifié d'une formidable ovation. Elle figurera parmi celles qu'il n'oubliera pas. "Ma place est décevante. Mais le circuit presque sec, très roulant ne m'avantageait pas. Il y avait beaucoup de monde pour m'encourager. C'était super". Les cinq autres manchois, à l'exception de Gérard Bramoullé ont bouclé leur parcours. Sans prétentions mais avec la satisfaction de la disputer à domicile.

                                                                                                                                                                                         Texte et photos Patrice Meunier

 

Echo : Une première pour Delaplace : Pour Anthony Delaplace, il ne s'agissait pas de rivaliser avec les spécialistes pour son premier championnat de France de cyclo-cross mais néanmoins de prendre sa place dans le top 20. Arborant à domicile le nouveau maillot rouge d'Arkéa-Samsic y est presque parvenu en se classant 22è.

Pour sa dernière participation au championnat de France, Julien Roussel est ravi de saluer ses supporters.

Le Barentinois Arthur Tropardy et le Rouennais Julien Roussel quelques minutes avant le départ.

Podium Elites : Josua Dubau (Team Peltrax) deuxième, Clément Venturini (AG2R La Mondiale) champion de France et Fabien Doubey (Wanty) troisième.

Julien Roussel disputait à Flamanville son dernier championnat de France.

Devant ses supporters, l'enfant du pays Anthony Delaplace (Arkéa-Samsic) disputait son premier championnat de France de cyclo-cross.

Chez les Elites, Clément Venturini (AG2R La Mondiale) en route vers la victoire.

Le Barentinois Arthur Tropardy.

crédit photos  : Patrice Meunier