19 octobre 2021
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Julien Duval rend son dossard

C'est bel et bien décidé, Julien Duval  rend son dossard. C'est chose faite depuis dimanche au Chrono des Nations aux Herbiers (Vendée) où il a pris la  22è place. « Ce n'était pas prévu initialement. J'ai vraiment profité de ces moments-là ». Ce n'est donc pas juste une saison qui se termine. C'est toute une période de sa vie de cycliste professionnel qui s'est achevé en terre vendéenne. Celles passées successivement à Roubaix Lille  Métropole (2013- 2016), l'Armée de Terre (2015-2016) au niveau continental puis chez AG2R-La Mondiale (devenu cette saison AG2R-Citroen) ces cinq dernières années. Après neuf saisons qui l'ont vu évoluer du statut de néophyte à celui d'équipier modèle, il a fait le choix de tourner la page. "Depuis plusieurs mois, je savais que je n'étais pas conservé dans l'effectif d'AG2R-Citroen.  Je cherchais un projet sportif qui m'intéressait. Mais je n'ai rien trouvé. J'avais une proposition d'une équipe continentale mais je ne voulais pas faire l'année de trop. Pour ma reconversion, j'ai plusieurs pistes. Mais je voudrais aussi rester dans le milieu du vélo. C'est ma passion..."

 

Julien Duval - Polynormande 2016 - 

De la piste à la route

L'ébroicien installé près d'Aix-les-Bains a dû d'abord mener de front trois années d'études en podologie à Rennes et la compétition de haut niveau. L'année 2015 lui avait permis de sortir de l'anonymat. D'abord sur la piste avec, au bout de ses efforts, une belle septième place au championnat du monde à Saint-Quentin-en-Yvelines en poursuite par équipes (avec Coquard, Gaudin et Morice), assortie du record de France amélioré à trois reprises. Ce qu'il pouvait espérer de mieux. 5è et 9è lors de deux arrivées au sprint de l'Etoile de Bessèges, Cholet Pays-de-Loire lui permet de mettre en avant ses qualités offensives. Echappé au sein d'un quatuor, il est repris à l'entrée du circuit final, peu avant l'attaque du futur vainqueur Pierrick Fédrigo (Bretagne-Séché).  Au moins, sa 18è place ne lui laisse pas de regrets. Reconnu comme un spécialiste de la piste avec pas moins de dix titres de champion de France et  nombreuses sélections en équipe de France, l'ancien barentinois a continué cette activité durant ses premières années chez les pros avant de se consacrer uniquement à la route. Dans un premier temps, il a joué sa carte sur les arrivées au sprint, avec l'espoir de ne pas être en courant alternatif dans l'atmosphère électrique de la dernière ligne droite.  On l'a vu placé notamment sur un Grand Prix de Denain (7e), se confrontant à de belles pointures du sprint mondial. "Je savais frotter, me placer, mais je connaissais mes limites. Le but, c'était d'être acteur mais je ne pouvais pas me contenter de ça. Sur un sprint massif, je ne pouvais pas gagner. Alors je me suis rangé en assumant un rôle d'équipier". On l'a vu aussi décroché trois podiums en Coupe de France : troisième de la Roue Tourangelle (2016), 3e de la Polynormande (2016), battu au sprint par le Canadien Ryan Anderson et le véloce coureur belge Baptiste Planckaert et 3e du Grand Prix de Denain (2018). Surpris dans le final par l'attaque du Belge Kenny Dehaes, il était alors devancé pour la deuxième place par Hugo Hofstetter.

A l'heure du bilan, Il ne veut pas sélectionner ou mettre en avant une course plus qu'une autre. Il préfère se souvenir du coup de téléphone de Vincent Lavenu lui apprenant sa venue au sein de l'équipe AG2R- La Mondiale. "Cela faisait deux ans que je voulais accéder à ce niveau. J'avais enfin ma chance". Sa chance, ce fut surtout d'être l'équipier des Belges Greg Van Avermaet et Oliver Naesen et de participer à leurs côtés aux courses flandriennes dont le Grand Prix E3, Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres. Sans oublier Paris-Roubaix mais aussi deux Tours d'Espagne dont un au service de Romain Bardet. "C'était des courses qui me plaisaient. C'était gratifiant d'y participer". Les courses belges ont souvent été son terrain de jeu. "Ce sont des courses cadenassées par les grosses équipes. Mais c'est une bonne école. Ca frotte souvent et il faut être bien placé en permanence. C'est un autre monde".Jusqu'au bout, il a tenu à jouer son rôle, se glissant, en début de course, dans une échappée lors de Paris-Tours pour prendre du plaisir. "En neuf participations, je me suis retrouvé quatre ou cinq fois en échappée" se souvient celui qui fut leader, l'espace d'une étape des Boucles de la Mayenne, grâce à sa deuxième place sur la première étape et aux bonifications.

Texte et photo Patrice Meunier