16 juin 2021
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Paris-Camembert – Le doublé pour Dorian Godon

 Le podium de cette édition 2021 : Pierre -Luc Périchon deuxième, le vainqueur Dorion Godon (AG2R -Citroen) et son coéquipier Geoffrey Bouchard, troisième.

Dorion Godon (AG2R-Citroen), plus rapide que Pierre Luc Périchon (Cofidis) remporte Paris-Camembert pour la deuxième année consécutive.

Le sprint du peloton est remporté par Lorenzo Manzin (Total Direct Energie).

Covid-19 oblige, la 82è édition de Paris-Camembert a été reportée au 15 juin. Coincé entre le Tour de Suisse, la Route d'Occitanie et le championnat de France, deux jours exactement avant le contre-la-montre où sera décerné le premier maillot tricolore à Epinal, la classique normande du printemps a été privé de quelques vedettes qui auraient pu se servir de ce rendez-vous comme course préparatoire pour le Tour de France. Avec 15 équipes dont une seule World Tour étrangère  (Intermarché Wanty-Gobert), le plateau s'en est ressenti mais l'essentiel, en ces temps difficiles, était que ce rendez-vous privé d'une grande partie de son public avec la mise en place d'un huit clos, puisse être organisé. Bien sûr, l'équipe AG2R-Citroen faisait figure d'épouvantail en alignant plusieurs coureurs de premier plan comme les Belges Greg Van Avermaet et Oliver Naesen et cela s'est vérifié à l'heure du verdict.

Une échappée fleuve

En cyclisme, l'avenir n'appartient que très rarement à ceux qui se lèvent tôt... de leur selle. Pierre Rolland (Vital-Concept), meilleur grimpeur du Tour de France 2012  et ses coéquipiers Thibault Ferrasse et Julien Morice, les Belges  Elias Van Brussegem (Tarteletto) et Boris Vallée (Intermarché Wanty-Gobert) sont là pour en témoigner. Ces cinq hommes vont progressivement creuser l'écart jusqu'à compter plus de cinq minutes d'avance. Derrière, les coureurs d'AG2R -Citroen assurait la poursuite, plaçant le peloton sous bonne conduite.. Rapidement à l'attaque, ils ont cavalé pendant près de 170 km - une véritable échappée fleuve- avant de se faire croquer à près de 40 kilomètres de l'arrivée, sur le circuit final de Livarot. Alors qu'il ne restait guère plus d'une heure de course, les compteurs étaient remis à zéro. Voulant passer la vitesse supérieure, l'expérimenté Pierre-Luc Périchon (Cofidis) et Dorian Godon (AG2R- Citroen) vainqueur en 2012 t 2020, son coéquipier Geoffrey Bouchard, meilleur grimpeur du Tour d'Espagne 2020 et du récent Tour d'Italie se portaient au commandement. Bouchard était lâché et le malheureux Van Den Berg était victime d'une crevaison. En possédant 50 secondes d'avance à sept kilomètres de l'arrivée, la partie était définitivement gagnée pour les deux hommes de tête. Le duel au sommet des deux anciens vainqueurs tourna à l'avantage du tenant du titre qui s'est avéré le plus costaud dans la dernière ligne droite.

A 25 ans , le Lyonnais né à Paris, à l'aise sur les terrains escarpés, a fait preuve de beaucoup de maîtrise, comme un coureur chevronné." C'est une course que j'affectionne , où il faut vraiment courir devant. Toute l'équipe a fait un super boulot. Julien Duval a tenu la barre une bonne partie de la journée puis Geoffroy a roulé à bloc pour moi dans le final.. Depuis mon succès l'an dernier, je savais où je pouvais faire la différence. J'ai appuyé là où ça faisait mal. Pour le sprint, j'étais confiant. Je ne me suis pas posé de questions et ça l'a fait". Du même coup, il prenait la tête de la Coupe de France. Cette victoire arrive au bon moment pour le longiligne coureur d'AG2R, deuxième du Tour du Limbourg l'an dernier, en quête d'une première sélection pour le Tour de France. Battu au sprint, Pierre-Luc Périchon acceptait ce verdict avec sportivité. "Franchement, je n'ai aucun regret. Dorian était le plus fort. Depuis une vingtaine de kilomètres, j'essayais de m'accrocher et de ne pas montrer que j'étais limite. S'il l'avait vu, il m'aurait sorti de ma roue plus tôt. Dans la dernière ligne droite, je me suis mis derrière lui et j'ai essayé de le surprendre mais il est parti aux 300 mètres. J'ai réussi à le tenir mais je n'ai jamais pu le remonter".

Texte et photos Patrice Meunier

 

Echos : du côté des Normands

Tony Hurel (Saint-Michel Auber 93) : Le Lexovien installé dans la Sarthe a connu une première partie de saison assez difficile. Le covid-19 l'a contraint à devoir s'éloigner des pelotons après avoir attrapé le variant anglais il y a près d'un mois, après le Tro Bro Léon. Il fut du même coup dans l'obligation d'arrêter dix jours dont quatre au lit avec de la fièvre. "J'ai repris l'entraînement il y a dix jours mais je ressens encore beaucoup de fatigue. Il m'est impossible de mettre de l'intensité. J'ai abandonné après 165 km de course. Je ne pouvais pas suivre quand ça accélérait. Finalement, cela n'a pas été aussi pire que je ne l'avais imaginé".

Jérémy Leveau (Xellis  Roubaix Lille Métropole) : L'ancien champion de France Espoirs se classe 15è et meilleur normand quatre ans après y avoir obtenu la sixième place, son meilleur classement depuis qu'il participe à cette épreuve. "Je suis dans le coup même s'il me manque un peu de force dans le dernier tour. Mais j'ai réussi à faire la jonction aux deux kilomètres. C'est aussi une satisfaction d'avoir eu deux coureurs de Roubaix dans le premier groupe. Pour notre équipe, face aux AG2R qui ont mis la pression pour écrémer le premier peloton dans la première montée de la butte aux fondus, c'était difficile. En fin de course, la chaleur a usé les organismes. Mais je suis satisfait de ma course".

Anthony Delaplace (Arkéa-Samsic) : Deuxième en 2016 où il fut battu au sprint par Cyrille Gautier, échappé et repris à seulement deux kilomètres de l'arrivée en 2017, Anthony Delaplace, le plus expérimenté des pros normands, se classe 16è, dans la roue de Leveau. C'était un test pour le Manchois après sa chute lors du contre-la-montre du Dauphiné. S'il ne souffre pas de fracture, son grand trochanter (haut du fémur) a été touché. "Les jambes étaient bonnes donc c'est dommage de ressentir des douleurs à l'aine. On fera un point au soir des championnats de France".

Julien Duval (AG2R-Citroen) : L'ancien barentinois s'est une nouvelle fois transformé en équipier de luxe pour la réussite de son équipe. "J'étais le premier de cordée.Tous les regards étaient portés sur Greg Van Avermaet et Oliver Naesen et on savait très bien qu'on devait assumer le poids de la course. Au briefing, avec Van Hocke, on était les deux à être désigné au cas où aucune équipe allait nous aider. Mais Cofidis a participé à la poursuite derrière les échappées. Du coup, j'étais le seul de l'équipe à me sacrifier. au premier passage à Livarot, il y avait quatre minutes à boucher. Je me suis écarté après 180 km de course. Le but, c'était de gérer les échappées et mettre l'équipe en position de force". Mission réussie pour Julien Duval qui espère disputer le Tour d'Espagne.