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De février à octobre : Benoit Cosnefroy de bout en bout
Forcément, Benoit Cosnefroy (AG2R La Mondiale) a bien noté qu'il y avait un peu de changement. Par exemple un peu plus de curiosité autour de lui, lorsqu'il arrive au départ d'une course même si cette saison 2020, si particulière, l'a tenu plus éloigné d'un public appelé à davantage le connaître. Tout simplement parce qu'il est devenu, à 25 ans, l'un des acteurs majeurs du cyclisme français. C'est sans attendre qu'il décrochait sa première victoire dès sa rentrée au Grand Prix de la Marseillaise. Pour son retour à la compétition, il estimait être en manque de repères mais il figurait déjà dans le peloton de tête de 35 coureurs , synonyme d'une première sélection. Sa science de la course, déjà très affinée, fit la différence. Prenant l'initiative sur les pentes abruptes de la route des Crêtes, à 25 km du but, pour revenir sur les derniers rescapés de la première échappée, il attaqua à nouveau et Herrada (Cofidis), Madouas (Groupama-FDJ) et le Belge Devrient (Circus Wanty) seront les seuls à pouvoir l'accompagner. Devançant au sprint Madouas, il remportait du même coup sa cinquième manche de Coupe de France.
La grande forme est là. Alors autant en profiter. Sur sa lancée, il remporte l'Etoile de Bessèges. Deuxième de la première étape qu'il rata d'une petite seconde juste derrière Alexys Brunel (Groupama-FDJ), il prenait déjà position. Puis il réussira à distancer ses adversaires directs en prenant la cinquième place de l'étape reine en haut du Mont Bouquet. Restant concentré pour le contre-la-montre final, l'ancien champion du monde Espoirs assurait l'essentiel pour la victoire finale, Brunel ne lui reprenant que dix secondes au sommet de la côte de l'Ermitage. Bien sûr, la crise sanitaire coupa son élan. "Dans mon programme, j'avais prévu une période de repos après Paris-Nice mais pas aussi longue... Moi, je suis actif, ce n'était pas évident de devoir se contenter de home-trainer". Début août, c'est la reprise, retrouvant sans attendre le goût de la victoire à Rocamadour lors de la dernière étape de la Route d'Occitanie. Associant une belle course et une parfaite lecture de la course, Cosnefroy devance dans l'ordre Bauke Mollema, Thibault Pinot, Egan Bernal et Alexander Vlasov, excusez du peu. "J'étais vraiment content de gagner sur mon effort type. C'était l'étape qui me correspondait le mieux. L'équipe a pris ses responsabilités pour me mettre dans les meilleures dispositions. D'abord Pierre Latour et Mikael Cherel puis Romain Bardet. Quand il s'est écarté, on n'était plus que tous les deux à l'avant. Je n'avais plus qu'à terminer".
Maillot à pois du Tour de France
De quoi aborder le Tour de France en toute confiance. Dès la deuxième étape, ses qualités offensives sont mises en évidence. A la lutte avec Anthony Perez (Cofidis) dans l'arrière pays niçois, il part avec la première fugue du jour, franchissant en tête le col de la Colmiane, classé en première catégorie et se retrouve à égalité de points avec le Toulousain de Cofidis après le passage du col du Turini, deuxième difficulté du jour. Ils ne peuvent se départager dans le col d'Eze mais c'est bel et bien le coureur normand qui enfile le maillot à pois à Nice.Démontrant une combativité à toute épreuve, Il le gardera quinze jours et n'en sera dépossédé qu'au terme de l'étape se concluant par la terrible montée du col de la Loze. "J'ai bataillé au maximum pour le garder, dans la limite de mes possibilités.Ce maillot, c'est juste incroyable ! J'en ai vraiment profité. J'ai reçu beaucoup d'encouragements du public, alors que beaucoup de gens, je pense, ne me connaissait pas il y a peu".
Fin septembre, le jeune manchois arrachait la deuxième place lors de la Flèche Wallonne derrière le Suisse Marc Hirchi (Team Sunweb), se rapprochant d'un sacre sur une course qui lui convient parfaitement. C'était d'ailleurs l'un de ses gros objectifs. Bénéficiant d'un gros travail de son coéquipier Alexis Vuillermoz, il a su garder le meilleur de ses forces pour aborder le mur de Huy dans les toutes premières positions. Ses qualités de puncheur lui permettait de déborder le Canadien Mickael Woods (EF Pro Cycling) mais aussi de devancer Warren Barguil, Michal Kwiatoswski et Tagey Pogocar. Rien que du beau monde. Troisième de la Flèche Brabançonne, il boucle sa saison lors de Paris-Tours. Il échoue seulement au sprint face au Danois Casper Pedersen (Team Sunweb) au terme de la grande classique d'automne où il avait déjà décroché un podium en 2018. Il lui manquait un peu de force pour finir aussi bien qu'il avait commencé cette prometteuse saison. Ayant prolongé son contrat de trois années supplémentaires, le champion du monde Espoirs 2017 a désormais des ambitions plus élevées. "Je sens une véritable attente autour de moi. Je veux désormais gagner une épreuve World Tour et mon rêve serait de remporter une classique Wallonne".
Texte et photo Patrice Meunier