15 novembre 2019
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Bilan de la saison 2019 des pros normands- Benoit Cosnefroy (AG2R La Mondiale) en pleine réussite

Plus une confirmation qu'une révélation, Benoit Cosnefroy (AG2R La Mondiale) a montré en 2019 qu'il possédait un talent fou et que le titre de champion du monde Espoirs qu'il a décroché à Bergen en 2017 était tout sauf une surprise.

Impressionnant sur des efforts de quelques minutes en montée, le jeune Manchois s'est montré percutant sur plusieurs épreuves françaises, et avec pas moins de cinq victoires dont Paris-Camembert, la Polynormande et le Tour du Limousin, décrochant aussi la deuxième place de la Coupe de France. Chez AG2R La Mondiale, il est celui qui compte le plus de victoires la saison passée.

 

En remportant devant ses proches et ses supporters Paris-Camembert, il réalise la course parfaite. C'est seul qu'il rentre sur les deux échappées matinaux. Une première sélection de dix coureurs se forme. Il y figure en bonne place au côté de son coéquipier Quentin Jaurégui. Dans la dernière difficulté, ce dernier attaque. Il sera revu. La course d'équipe d'AG2R La Mondiale continue de se déployer. Elle lui sera profitable et Cosnefroy choisit le bon moment pour attaquer aux 1500 mètres. Avec l'immense joie de s'imposer en Normandie, il peut savourer ce premier succès. "Cette victoire a validé un cycle de course en classe 1, courses sur lesquelles j'avais pour objectif de lever les bras. J'avais beaucoup couru en World Tour en début de saison, c'était important de pouvoir gagner ici. En 2018, je n'avais pas été loin de m'imposer mais cela n'avait pas souri. Je me savais en forme même si ma chute sur la Route Adélie ne m'avait pas mis en confiance". Ses états de service lui permettent d'être retenu par Vincent Lavenu pour disputer son premier Tour de France. Etant victime d'une chute lors de la première étape, l'entame de la Grande Boucle n'est pas de tout repos pour lui. De multiples contusions et des points de sutures au menton ne vont pas entamer son moral. Ce qui ne l'empêchera pas de boucler le Tour à la 113è place.

Trois semaines après le Tour de France, la Polynormande lui offre une bouffée d'oxygène et un carré de verdure. Et même beaucoup mieux puisqu'il s'y imposa. Une nouvelle fois, il fait la course en tête en figurant dans la bonne échappée qui se formait à 25 kilomètres du but. Il est prêt à frapper un grand coup pour sa course de reprise. Comme seul un finisseur de son espèce sait le faire, il porte l'attaque décisive à 1200 mètres de l'arrivée avant de résister à  Valentin Ferron (Total Direct-Energie).

 

"J'aurais pu jouer la carte du sprint. Ca aurait pu marcher aussi" se souvent-il. "Mais j'ai fait un autre choix. Ca a marché aussi". Sur sa lancée, il remporte le Tour du Limousin. Troisième à Guéret au terme de la première étape, il prend déjà position. La troisième étape s'avéra décisive. Grâce à une attaque imparable sous la flamme rouge et malgré une crevaison quelques minutes plus tôt, il reprenait le dernier attaquant de l'échappée du jour pour s'imposer devant Julien Simon. Les autres rivaux du Manchois terminant avec onze secondes de retard, Cosnefroy, avec les bonifications, prenait le maillot de leader. La dernière étape ne fut pas de tout repos pour lui. Répondant à de nombreuses attaques et soutenu par pas moins de cinq de ses coéquipiers, tout s'est joué une fois le regroupement général à neuf kilomètres du but. Réprimant une attaque de Lilian Calmejane, il fut suffisament lucide pour prendre à Limoges la troisième place de l'étape, remportant ce Tour du Limousin marqué par une forte chaleur mais aussi sa première course par étapes. Il s'est ensuite montré actif sur les routes du World Tour que ce soit à Plouay (7è) ou sur les courses canadiennes où il a fait sensation. Repris à 300 mètres de l'arrivée à Montréal, il était déjà présent la veille avec les meilleurs au Grand Prix du Québec lors d'une arrivée au sprint. De quoi retenir l'attention de Thomas Voeckler qui le sélectionnait pour le championnat du monde disputé au Yorkshire.

Malgré les conditions météorologiques dantesques du mondial, il est parvenu en dépit d'une hypothermie, à aller au bout et s'est classé à la 42è place à dix minutes du vainqueur Mads Pedersen. Sous une pluie continue, il a tenté de mettre dans les meilleures dispositions son leader Julian Alaphilippe, lâchant seulement prise à vingt kilomètres du but. Au delà de ses victoires, le coureur de Rauville-la-Bigot a poursuivi sa progression et sait désormais comment fonctionnent les courses du World Tour où il va tenter de jouer la gagne lors de la saison 2020.

Texte et photos Patrice Meunier