Jérémy Leveau (Xellis Roubaix Lille Métropole) a traversé l'année 2021 comme une âme en peine. Subissant l'arrêt des compétitions au printemps, il a eu du mal ensuite à revenir après une blessure au genou.
Après les traditionnelles courses de début de saison dans le sud de la France, il arrive en forme fin mars. Puis il subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. "J'arrivais en forme à ce moment. J'ai été coupé dans mon élan. Je visais un bon printemps. Les équipes de première et deuxième division ont été courir à l'étranger. Cela n'a pu être le cas pour une équipe continentale comme Roubaix. La coupure a été vraiment importante entre la Roue Tourangelle et le Tro Bro Léon soit six semaines". En avril, l'annulation et le report de nombreuses courses l'ont poussé à revenir sur les courses amateurs. Ce fut notamment le cas lors de la Classique Chatillon-Dijon (5è) puis à Percy où il se classait deuxième derrière son compagnon d'entraînement Célestin Guillon (Laval Cyclisme 53). Après des résultats honorables en mai et juin (12è du Tro Bro Léon où il sprintait pour la sixième place, 15è de Paris-Camembert), une lueur d'espoir venait lors du championnat de France. A Epinal, son audace lui permet de figurer dans l'échappée de la première heure. Pas si mal sur un circuit présentant 4000 mètres de dénivelé. Une échappée haut de gamme où il roule aux côtés de Warren Barguil, Valentin Madouas, Pierre Rolland, les Normands Guillaume Martin et Damien Touzé et le futur vainqueur Rémi Cavagna. "Les championnats de France sont toujours des courses qui me tiennent à coeur et cela me réussit généralement bien de dépasser les 200 kilomètres. Je n'ai rien à envier aux autres". Frustrant, une erreur de trajectoire lui fait perdre le contact dans le final. "C'est mon grand regret. Physiquement, j'avais les jambes pour faire mieux". Sa treizième place dont il connaît la valeur restera son meilleur résultat de la saison 2021.
Mais il a de nouveau subi l'arrêt des compétitions durant le Tour de France. "J'ai eu une tendinite durant le Tour du Limousin qui m'a obligé à observer une période de repos total de trois semaines. Revenir à un bon niveau m'a pris du temps. J'ai repris au Grand Prix de Denain en septembre. Et je suis redevenu compétitif pour Paris-Bourges et Paris-Tours, peu de temps avant de mettre un terme à ma saison".
Poursuivant la tradition familiale, le Manceau a enchaîné avec le cyclo-cross, s'imposant à Moulay (Mayenne) puis à Bayeux, soit deux victoires en deux participations. Il en a ajouté une troisième lors du cyclo-cross à l'américaine de Tours associé à Mathieu Morichon.
Pleinement investi pour son métier, l'ancien champion de France Espoirs ira se préparer en janvier sous le soleil de la Côte d'Azur, d'abord à Nice lors d'un stage personnel puis à La Londe-les-Maures avec son équipe. Il garde en lui une grosse frustration, celle de ne pas avoir levé les bras. Car il est toujours à la recherche de cette première victoire qui le fuit depuis ses débuts chez les pros, voilà déjà six ans. "J'aimerais gagner chez les pros avant la fin de ma carrière. Pour que ça réussisse, il faut que tout s'aligne : la réussite, des bonnes jambes, des bonnes opportunités. Je manque aussi parfois de confiance en mes capacités. Mais si je gagne un jour, ce sera un déclic".
Texte et photo Patrice Meunier
