Il promène son sourire dans le peloton à chacune de ses sorties. Il a désormais les couleurs de l'arc-en-ciel, les couleurs d'un maillot de champion du monde espoirs qu'il est allé décrocher sur l'exigeant circuit de Bergen en Norvège. Gueule d'ange souriante mais les dents longues et une assurance que beaucoup de coursiers pourraient lui envier. Un ambitieux qui n'a peur de rien. Même pas d'aller défier les gros bras du peloton une semaine plus tôt en s'imposant au Grand Prix d'Isbergues un mois et demi seulement après ses débuts chez les pros lors de la Polynormande, lui qui avait ramené la médaille d'argent lors du championnat d'Europe espoirs au Danemark. En terre nordiste, il attaquait dès le km 3 puis faisait cause commune dans l'effort avec Riou (Fortunéo-Oscaro) et Baldo (HP BTP Auber 93), étant l'auteur d'une échappée fleuve qu'il su mener à son terme, battant au sprint son beau-frère Pierre Gouault (HP BTP Auber 93). Du même coup, les cadors comme Mark Cavendish (6è) et vainqueur du sprint du peloton et Nacer Bouhanni firent les frais de sa ténacité. Un parcours étonnant qui fait la fierté de tout le cyclisme normand.
En pleine réussite
Formé à l'UC Bricquebec (de l'école de cyclisme à l'équipe de DN3), Benoit Cosnefroy s'est fait connaitre par le cyclo-cross dès sa deuxième année cadet puis en juniors et en espoirs première année, plusieurs catégories où il a décroché plusieurs titres régionaux. Il fut d'ailleurs retenu en sélection nationale à quatre reprises dans le cadre de la Coupe du monde . Parrallèllement, il rejoint le Pôle espoirs de Caen en 2011, à 15 ans. Après avoir passé le bac, il s'est engagé l'année suivante avec Chambéry Cyclisme en DN1, réserve de l'équipe World Tour AG2R La Mondiale. Mais sa saison 2015 reste une année sombre. Une lourde chute au Tour de Pays de Savoie lui valant la fracture de plusieurs vertèbres cervicales lui inflige un coup d'arrêt. Deux mois d'inactivité complète, une inévitable période de doute puis une remontée en surface pénible mais qui ne l'a jamais éloigné de ses études en communication d'entreprise et technique de commercialisation. Sa saison 2016 marque son retour au plus haut niveau. Et les résultats s'enchaînent : troisième à Buxerolles et vainqueur d'une étape des Boucles de l'Artois dans le cadre de la Coupe de France de DN1, une belle deuxième place au Grand Prix de Montpinchon Elites mais surtout deux deuxième place au championnat de France, d'abord chez les élites où il fut battu au sprint par Valentin Madouas puis en espoirs où il fut le dauphin de Paul Ourselin. Le printemps dernier, il a ramené une victoire d'étape au Rhône-Alpes Isère Tour, une épreuve de classe 2 où il portait le maillot de l'équipe de France. Un parcours marqué par la réussite qui a ravi David Louvet, responsable du Pôle espoirs de Caen qui l'a dirigé dans cette structure durant trois ans et sur de nombreuses sélections régionales route et cyclo-cross. Ce dernier a d'ailleurs assisté au sacre de son ancien élève."J'ai le souvenir de son premier entraînement avec nous, trois heures en Suisse Normande. A son terme, la fatigue était là et il s'était endormi sur un banc. Au début, il n'avait pas toujours beaucoup travaillé avant d'arriver au Pôle. Puis avec des entraînements plus volumineux, il a rapidement évolué. Il a commencé à percer lors de sa première année junior. Il était souvent placé mais il ne gagnait jamais. Il était trop gentil et passait à côté de belles victoires. Depuis, il a musclé son jeu. Il est très tenace sur un vélo, vraiment capable de se faire mal. C'est le contraire dans la vie de tous les jours où il est toujours cool, bienveillant avec son entourage. Il y a un an et demi, j'avais annoncé à un journaliste de la Presse de la Manche qu'il devrait gagner une étape du Tour de France d'ici à moins de quatre ans. Le pari tient toujours."
Patrice Meunier
